Commémoration du 77ème anniversaire du Débarquement de Provence le 15 août 1944

Allocution de Monsieur Roland Bruno, Maire de Ramatuelle :

Madame la députée Sereine Mauborgne, présente boulevard Patch,
Monsieur le Capitaine de frégate Nicolas Maigné, commandant le sous-marin nucléaire d’attaque Rubis équipage rouge, représentant le capitaine de vaisseau Pierre Rialland, commandant de l’escadrille des sous-marins nucléaires d’attaque de Toulon, 
Le Capitaine Miquèl Thore, représentant le Lieutenant-Colonel Paul Courtiau, chef de corps du 21e régiment d’infanterie de marine,
Monsieur le Lieutenant Bruno Felgeirolles, représentant la cheffe d’escadron Elodie Nègre, commandant de la compagnie de gendarmerie de Gassin-Saint-Tropez,
Monsieur le Lieutenant Jean-Pierre Bianchi, chef du centre de secours principal de St-Tropez/Gassin,
Monsieur Alain Bonnaure, délégué Alpes Maritimes, chargé des visites commentées au Mémorial de Ramatuelle, représentant le Général Mermet, président national de l’Amicale des Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale,
Madame Odile Truc présidente du comité local du Souvenir français,
Monsieur Georges Franco, président de l’association des Anciens Combattants de Ramatuelle,
Monsieur François Romano, président de l’association des Anciens Marins, Marins Anciens Combattants,
Monsieur le vicaire, Père Kleverton dont ce sera la dernière cérémonie à Ramatuelle,
Mesdames et Messieurs les porte-drapeaux,
Mes chers collègues
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,

Merci à tous de votre présence.

Nous venons de commémorer le 77ème anniversaire du Débarquement de Provence.

Le contexte sanitaire que nous impose la pandémie de Covid-19 ne nous empêche pas d’organiser les commémorations et d’effectuer notre devoir de mémoire, de nous souvenir des dates qui ont marqué l’Histoire mondiale, nationale et locale.

Cette cérémonie, s’est déroulée, cette année encore, sans les représentants de la 3ème division d’infanterie des États-Unis habituellement présents, excusés cette année pour la même raison. Monica Stoy nous a adressé un message:

Lecture par Bruno Caïetti, conseiller municipal, du message de Monica Stoy :

C. Monika Stoy
President
Outpost International, Society of the 3rd Infantry Division

15 August 2021             

« 77 ans, c’est long.

Il y a très peu de gens encore vivants avec des souvenirs personnels de ces jours d’août 44 lorsque vos libérateurs sont arrivés. Je vous suis très reconnaissante de continuer à vous souvenir du service rendu par nos soldats il y a tant d’années.

De telles commémorations gardent leur mémoire vivante et transmettent l’importance de la Libération et du sacrifice des soldats aux générations futures.

Cela a toujours été notre honneur de représenter ces grands soldats et de les informer à notre retour qu’ils sont toujours chéris par vous pour leur grand service fait en France.

Nous ne devons jamais oublier les liens étroits qui unissent nos pays pour la cause de la paix et des valeurs républicaines partagées.

La liberté n’est pas gratuite !

Merci encore.

Vive les États-Unis d’Amérique !

Longue vie à la France!

Rock of the Marne !

Portez-vous bien et restez en bonne santé! »

Le Maire Roland Bruno :

« Les commémorations se sont déroulées sur les trois sites jalonnant cette journée historique.
Devant la stèle du boulevard Patch à Pampelonne, plage du Débarquement.
Au mémorial des Services Spéciaux de la Défense Nationale unique monument dédié aux membres des Services spéciaux morts pour la France, lors de la seconde guerre mondiale.
Au monument aux Morts, qui garde la mémoire des soldats qui ont donné leur vie lors des conflits.
Bruno CAÏETTI va nous retracer cette journée historique. »

Lecture par Bruno Caïetti, conseiller municipal :

« Le 15 août 1944 , l’opération Franco-Américaine Dragoon intervenait 2 mois après le Débarquement du 6 juin en Normandie et marquait un tournant décisif dans la prise en tenaille les unités Allemandes.
Pourtant, cet évènement majeur faillit être annulé par les britanniques farouchement opposés à ce débarquement décidé par Roosevelt.
Churchill voulait que les divisions stationnées en Italie soient utilisées en Istrie, dans les Balkans, pour contrer l’avancée foudroyante des Soviétiques à l’Est.
Mais depuis le 6 juin 1944, le rapport de forces a  basculé en faveur des Américains qui s’y opposèrent, soutenus par le Général Jean de Lattre de Tassigny, qui déclarait
qu’ “aucun soldat français ne sera envoyé sur un autre théâtre d’opérations que la France”.

Le Débarquement de Provence est placé sous le commandement du Général Alexander Patch, qui commande la VIIe Armée américaine.

Pour la première fois intervient aussi une véritable armée française, sous les ordres du Général  Jean de Lattre de Tassigny, officier déjà auréolé d’une légende de fonceur et d’homme de panache. Pour la suite des événements, de Lattre a aussi un avantage : il a conscience du rôle que peuvent jouer les maquisards.

Les deux hommes se connaissent et s’estiment, ils se préparent depuis l’Italie.
Un compromis a précisé la situation des troupes françaises : le Général Patch les commandera lors de la première phase de l’opération, le Général de Lattre en assumera le commandement tactique dès leur engagement.

Les objectifs étaient de libérer Toulon et Marseille puis de remonter le Rhône jusqu’à effectuer la jonction avec les forces de l’opération Overlord débarquées en Normandie.

Sur les 400 000 soldats qui débarquent sur la Côte d’Azur, les effectifs français de la première armée s’élèvent à près de 256 000 hommes.
Elle est constituée de la division française libre du général Diego Brosset , des anciens de la campagne de Norvège, d’Africains, d’Indochinois, d’Antillais et de Polynésiens. De la division blindée du général Touzet du Vigier, et la 3e division d’infanterie algérienne du général de Monsabert. Bientôt suivront d’autres divisions françaises et les tabors marocains. 
En quelques semaines, un quart du territoire fut récupéré, ce qui permit à la France, en l’occurrence à de Lattre de Tassigny, de s’asseoir à la table des vainqueurs le 8 mai 1945. »

Le Maire, Roland Bruno :

« La côte varoise n’a pas développé le tourisme historique comme l’a fait la Normandie sur les plages du Débarquement.

De nombreux visiteurs ignorent ce qui s’est passé sur notre commune.

Ils ne se doutent pas que le 14 août, l’activité aérienne fut particulièrement intense, avec des lâchers de bombes sur les principales positions allemandes, à Camarat et au quartier des Bouis.
Ils ne connaissent pas le héros du 15 août, Audie Murphy, pourtant devenu un grand acteur de cinéma et citoyen d’honneur de Ramatuelle.
Le 15 août 1944, il fait partie de la première vague lors du débarquement. Alors que sa section avançait dans les vignes du quartier des Bouis, elle fut prise pour cible par des soldats allemands. Il se rua seul vers la maison qu’ils occupaient, neutralisa six hommes, en blessa deux autres et fit onze prisonniers.

Ils ne se doutent pas, que le 16 août, les ceps de vigne, arbustes et canniers furent détruits par des bulldozers de manière à aménager dans la partie Sud de l’arrière plage une piste d’atterrissage permettant une liaison avec les bases installées en Corse et en Afrique du Nord.

Aussi, je tiens à féliciter l’auteur de Mémoire de l’Ormeau, Jean-Charles Meyer, qui a pris l’initiative, soutenu par l’Office de Tourisme, de proposer des randonnées historiques dans les pas des résistants, des agents des services secrets et de ceux qui quittaient la France occupée.
Le point de départ est la ferme Ottou où se regroupaient ceux qui devaient traverser la Méditerranée depuis l’Escalet au niveau de la Roche Escudelier que nous avons rénovée cette année.
Cette randonnée est accessible à tous et rencontre un beau succès.

Cette cérémonie commémorative rend hommage aux libérateurs mais également à tous ceux qui ont contribué, au péril de leur vie, à rendre possible la Libération.
Les résistants de la Brigade des Maures, ont secondé les soldats qui débarquaient.

Fernand Vié excusé aujourd’hui, premier adjoint honoraire, membre de l’amicale des services spéciaux de la Défense nationale, est entré en résistance en 1943 avec son ami Maurice Jauffret , recrutés par Henri Ollivier et Maximin Giraud.

Georges Franco dont le père Victor, militaire de carrière, était engagé dans la Résistance avait 9 ans à l’époque.

 Il est aujourd’hui président de l’association des Anciens Combattants de Ramatuelle.

Jean Bonnaure à qui nous devons le livre « Si Ramatuelle nous était conté », le père d’Alain ici présent, parlait couramment allemand. Il avait été réquisitionné par l’ennemi pour servir d’interprète. Il ramenait de précieuses informations qui étaient restituées à Achille Ottou par l’intermédiaire de Fernand Vié.

Leur expérience a fait d’eux de fervents défenseurs de la paix et des passeurs précieux.

Dimanche 08 août, au col du Vignon près du hameau de la Mourre nous avons rendu hommage aux résistants de la Brigade.

Nous pouvons également nous appuyer sur l’existence du Mémorial des Services Spéciaux de la Défense nationale, érigé en 1959 en souvenir des membres des réseaux de renseignement, résistants civils et militaires, femmes et hommes, torturés, tués ou exécutés pendant l’occupation allemande.

Il porte 326 noms.

Je remercie, Alain Bonnaure, délégué ASSDN Alpes Maritimes, chargé des visites commentées au Mémorial de Ramatuelle, d’assurer régulièrement la visite guidée du monument dont il est un fin connaisseur.
En lien avec les agents des services spéciaux, les réseaux de renseignement et de contre-espionnage, dans la clandestinité des combats, ont contribué à transmettre des renseignements précis, au péril de leur vie, qui ont été essentiels à la réussite du Débarquement que nous commémorons aujourd’hui.

Jeanne et son frère Achille Ottou, véritables pivots des liaisons secrètes entre l’Afrique du Nord et la France ont permis le transport d’agents, de matériel et d’informations précieuses à bord de sous-marins dont le Casabianca.

Je remercie Alexandre Surle conseiller municipal et porte drapeau, et Enzo Baudard, conseiller municipal, porte-drapeau, et correspondant défense. Tous deux s’impliquent à nos côtés pour chaque cérémonie et perpétuent cette mémoire.

Michel Franco, également conseiller municipal, était sur le Bailli de Suffren, en mer, face à la stèle du boulevard Patch, pour jeter à l’eau une couronne de fleurs en souvenir des soldats disparus.


Merci à l’équipe de Frédéric Saveuse, président de l’antenne locale de la Société Nautique de Sauvetage en mer de sa fidélité aux rendez-vous : tous les 15 août au large de Pampelonne et tous les 4 mars pour rendre hommage aux marins du sous-marin Euridyce, disparus au large de Camarat.

Je remercie les forces de l’ordre, les gendarmes, pour leur présence. N’oublions pas que nous sommes toujours en niveau de sécurité renforcée dans le cadre du plan Vigipirate. À cela s’ajoute le surcroît de travail du au contrôle de l’application des mesures barrières.

Enfin, je tiens à remercier une nouvelle fois pour leur présence les marins, les hommes et les femmes de l’escadrille des sous-marins nucléaires d’attaque, confirmant là leur fidélité à la promesse solennelle d’amitié existant entre notre commune et l’escadrille.

Merci Commandant !

Nous savons que nous pouvons compter sur vous tous pour défendre notre pays, notre culture et notre idéal de Liberté, d’Égalité et de Fraternité qui sont les valeurs de notre République.

Nous nous sommes recueillis dans le souvenir de ces hommes venus de pays lointains, de cultures différentes, morts pour une même cause : la liberté et l’arrêt de la barbarie incarnée par le nazisme.

Nos cœurs battent à l’unisson et nous saluons leur courage, hommes et femmes, soldats mais aussi civils, engagés au péril de leur vie.

L’histoire est là qui nous rappelle que c’est la solidarité et l’effort commun, le sens du collectif, qui a permis à nos sociétés de sortir victorieuses, grandies et unies.

Vive Ramatuelle

Vive la République

Vive la France !

Le Maire,
Roland Bruno