Cérémonies du 11 novembre

Commémoration de l’armistice du 11 novembre et du centenaire de la première guerre mondiale

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Dans le cadre de la promesse solennelle d’amitié qui lie la commune et aux marins de l’Escadrille des sous-marins nucléaires d’attaque, sous le commandement du capitaine de vaisseau Sébastien Maloingne, ils sont venus nombreux hier matin commémorer l’armistice de 1914,  aux côtés du maire de la commune,  Roland Bruno, des élus, des représentants des associations patriotiques et du colonel Henri Debrun, président national de l’Amicale des Anciens des Services Spéciaux.

Après le dépôt de gerbe au pied du Mémorial National des Services Spéciaux de la Défense Nationale, le cortège s’est dirigé vers le cimetière. Les enfants, encadrés par leur directeur d’école, Jonathan Lerda, également nombreux, ont honoré le nom de chaque mort pour la France gravé sur le monument puis ils ont déposé leurs bouquets avant d’entonner la Marseillaise, la main sur le coeur.

Juste avant le verre de l’amitié, dans son discours, le maire a rappelé au souvenir de chacun, l’histoire particulière des six jeunes ramatuellois, tombés à l’ennemi ou disparus en 1916 : Gustave Brémond, Julien Bovas, Louis Gandolfo, Alphonse Auréli, Maurice Desdéri et Placide Brun.


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Discours de M. Roland Bruno, Maire de Ramatuelle

Commémoration de l’armistice du 11 novembre et du centenaire de la première guerre mondiale
vendredi 11 novembre 2016, 11h30, école Gérard-Philipe

Allocution de Monsieur Roland Bruno, Maire de Ramatuelle

 

Comme chaque année, vous êtes venus nombreux pour célébrer le souvenir des soldats morts pour la France dans ce terrible conflit que fut la première guerre mondiale. Un conflit qui peut nous paraître lointain et une célébration qui peut paraître désuète aujourd’hui tant d’autres faits de guerre ont éclatés depuis.

Mais parmi les grandes puissances, durant cette période, c’est proportionnellement la France qui sera le pays le plus touché avec la mort de près d’un soldat sur cinq.

A l’issue du conflit, la moitié des jeunes Français nés en 1894, âgés de 20 ans en 1914 ont disparu. Un véritable traumatisme pour la société française. En novembre 2014, nous entrions dans la période de commémoration du centenaire de la grande guerre. Ce fut l’occasion pour nous de rappeler que le samedi 1er août 1914, à 16 heures, tous les clochers de France faisaient entendre le tocsin qui appelait à la mobilisation des hommes soumis aux obligations militaires de l’âge de vingt ans jusqu’à quarante. En 17 jours, du 2 au 18 août 1914, plus de trois millions de réservistes et de conscrits ont été mobilisés.

Ramatuelle, comme tous les villages de France, n’échappe pas à la règle : elle paye un lourd tribut à cette tragédie. Entre aout 1914 et septembre 1918, vingt-quatre jeunes Ramatuellois sont morts au combat ou des suites de leurs blessures.

A la liste de ces vingt-quatre soldats qui figurent sur notre monument aux morts, s’ajoute deux soldats Britanniques retrouvés morts noyés le 4 mai 1917 et dont les tombes se trouvent dans le cimetière de notre village.

Il y a quelques jours nous avons retrouvé dans les archives de la mairie, une délibération du Conseil municipal datant du 1er décembre 1918 par laquelle les élus proposaient, je cite, «d’entourer d’une vénération particulière le culte des Enfants de la communes Morts pour la Patrie » et décidaient de leur élever un monument commémoratif.

« Pour rendre un hommage durable à ces vaillants, le nom de chacun d’eux y sera inscrit. Les générations futures conserveront ainsi précieusement le souvenir de ces héros, qui ont sauvé, au prix de leur sang, la liberté du monde » a dit le maire de l’époque Polycarpe Benet.

Le conseil votait dans la foulée le principe d’une « souscription publique permettant de payer les frais occasionnés par la création du monument ».

Aujourd’hui, nous célébrons l’armistice, mais depuis 2014, nous avons pris l’habitude de rendre hommage à chacun des soldats dont le nom figure sur notre monument l’année du centenaire de sa mort, en retraçant son parcours particulier afin de mieux le rappeler à notre souvenir.

La découverte de cette délibération nous conforte dans notre démarche.

D’aout 1914 à décembre 1915, onze jeunes garçons du pays ont perdu la vie : Armand Bonnet et son frère Théophile, Marius Laugier, Antoine Lanssa, Robert Cocorel, Louis Bonissone, Edouard Brun, Victor Marquesy, Henri marquès, Antonin Giraud et Michel Bertolotto.

L’histoire de Gustave Brémond, Julien Bovas, Louis Gandolfo, Alphonse Auréli, Maurice Desderi et Placide Brun, les six jeunes Ramatuellois morts en 1916, est adossée aux champs de bataille historiques : du Front d’Orient et surtout de Verdun et de la Somme, où les combats étaient si violents que des millions d’hectares seront déclarés impropres à l’agriculture pour cause de présence dans le sol d’obus et de balles mais également de cadavres humains ou d’animaux.

Redonnons vie, le temps de ce discours aux six soldats sacrifiés en 1916.

Gustave Bremond était viticulteur. Fils d’Antoine Brémond et d’Anatalie Bouvet, il s’était marié en 1912 à Saint-Tropez avec Gabrielle Simon. Simple marsouin, 2ème classe du 3ème régiment d’infanterie coloniale, il avait 30 ans lorsqu’il embarque à Toulon, le 23 février 1916, sur le Provence II, un paquebot réquisitionné pour servir de transport de troupes à destination de Salonique en Grèce.

Les 2 000 hommes inexpérimentés qui s’entassent sur le navire avec 400 hommes d’équipage et environ 200 chevaux et mulets vont rejoindre les soldats britanniques pour porter secours à la Serbie, attaquée par la Bulgarie et l’Autriche.

Comme la plupart des soldats embarqués, Gustave Bremond ne savait certainement pas nager. Le 26 février, le croiseur Provence II est torpillé en Méditerranée, au large du cap grec Matapan, par le sous-marin allemand U35. Le navire sombre en 17 minutes. C’est la panique, les machines explosent et les brassières de sauvetage sont en nombre insuffisant… Seuls 870 hommes survivent à ce naufrage.

En France, du 21 février au 19 décembre 1916 l’épicentre du conflit se déroule à Verdun. L’état-major Allemand entend “saigner l’armée française”. Les Allemands progressent, mais des poches de résistance se constituent dans les lignes arrière françaises et, quand la bataille de Verdun prend fin le 18 décembre, date à laquelle la plupart des positions perdues ont été réinvesties, au total, 160 000 Français sont morts ou disparus et 143 000 Allemands. Plus de 60 millions d’obus ont été tirés sur une période de dix mois dans “l’enfer de Verdun”.

Julien Bovas a disparu le 20 mars 1916, dans le bois de Malancourt, au N.O. de Verdun, dans la Meuse. Il n’avait pas 22 ans. Il est né à Collobrières et ses parents Pierre Bovas et Félicie Vidal sont respectivement cultivateur et bouchonnière.

« Le 20 mars 1916 les allemands attaquent le Bois de Malancourt, tenu majoritairement par des soldats du Sud de la France des 111ème, 258ème et 272ème régiments d’infanterie. Ces unités sont en position dans ce bois depuis longtemps et s’y croient en sécurité, massées derrière de profonds réseaux de fil de fer. Ce jour-là, à 7h commencent les bombardements par de grosses torpilles et des engins de tranchée. A 9h les tranchées explosent, les abris sont démolis et les moyens de communication détruits. Puis les allemands attaquent au lance-flammes et aux grenades. Deux bataillons sont faits prisonniers par les allemands.

Le soldat Julien Bovas est porté disparu dans l’anéantissement de tout son régiment et cette défaite du 111ème affectera une nouvelle fois les provençaux et les méridionaux. Comme pour celle de Dieuze en 1914, l’Etat-major chargera les soldats du midi en les accusant de démoralisation, de fraternisation avec l’ennemi et de désertion pour justifier la cuisante défaite, sans jamais mettre en cause leurs erreurs stratégiques ni admettre la supériorité de l’ennemi à ce moment-là.

Le 111ème régiment de Julien Bovas sera dissout et le drapeau envoyé à la base d’Antibes en « estrasse ». Il faudra attendre 1922 pour que ce drapeau déchiqueté intègre sa place auprès des autres aux Invalides à Paris.

Louis Gandolfo, était cordonnier à Ramatuelle comme son père Ange Gandolfo. Sa mère Joséphine Marcel était cultivatrice. Le jeune homme de 33 ans appartenait au 28ème régiment d’infanterie positionné sur le champ de bataille de Verdun dans le massif de Souville, qui abrite un fort, à quelques kilomètres de celui de Douaumont. Il sera tué à l’ennemi sur le champ de bataille de Verdun, le 2 juin 1916, sur la commune Fleury devant Douaumont, un village entièrement rayé de la carte cette année-là.

« Le Kaiser avait donné des ordres pour qu’avant le 15 juin le drapeau allemand flotte sur Verdun. »

« Pour en finir les Allemands bombardent la zone sans relâche. Les attaques se font de plus en plus violentes dans la forêt de Souville « Pendant les journées des 2 et 3, juin, c’est le corps à corpsqui augmente encore les souffrances des hommes qui, dans la fumée et sous les obus, luttent sans cesse et tâchent de repousser un ennemi très supérieur en nombre ». Lit-on dans les mémoires du Lieutenant Jouannon, publiées en 1923.

Ensuite viendra la terrible bataille de la Somme avec le soutien de l’armée anglaise. Parmi les plus terribles moments de la Première Guerre, aussi tragique que la bataille de Verdun : de juillet à novembre 1916, la bataille de la Somme fit, toutes nationalités confondues, plus d’un million de morts, de blessés et de disparus.

Alphonse Auréli, agriculteur, né à Ramatuelle, fils de Barthélémy et Marie Apolline Fridolin, simple soldat du 33ème régiment d’infanterie est mort le 9 septembre, tué à l’ennemi en plein cœur de cette bataille, dans le bois d’Anderlu, dans la plaine de Priez sur la commune de Combles dans la Somme. Il fut inhumé sur place dans la tranchée de Brody.

De même, Maurice Desderi, dit Maurin Desderi, un jeune maçon d’à peine 22 ans, né à Saint-Tropez et dont les parents Antoine Desderi et Marguerite Matthis étaient cultivateur à Ramatuelle, soldat 2ème classe du 115ème bataillon de chasseurs à Pieds est tué à l’ennemi en repoussant les attaques à la grenade sur la lisière du bois Saint-Pierre-Vaast, dans la Somme.

« Dans la journée du 5 octobre, un bombardement violent s’abattait sur le village et tuait 30 sous-officiers et chasseurs, blessait 1 officier et 33 chasseurs. A 20 heures parvenait l’ordre de relever le 115e bataillon de chasseurs très éprouvé à la suite de l’attaque au bois de Saint-Pierre-Vaast ». Trop tard pour le jeune Maurice.

Et puis, nos pensées s’adresseront à Placide Brun, né à Ramatuelle, marsouin du 53ème régiment d’infanterie coloniale formé en mars 1915 à Saint-Raphaël, fils de Marius Brun et d’Honorine Giraud, cultivateurs à Ramatuelle. Edouard, l’un de ses frères aînés, était mort le 24 octobre 1914 des suites de ses blessures. Placide sera tué à l’ennemi, le 27 octobre 1916 à 8h45, dans la tranchée de Belloy en Santerre, dans la Somme. Son acte de décès indique qu’il a été inhumé dans un cimetière, sur place. Sa famille a été informée de sa disparition à quelques jours de Noël.

Honorine et Marius ont eu deux filles et six fils. Durant la grande guerre, quatre d’entre eux étaient en âge d’être mobilisés. Edouard et Placide sont morts au Front. Lazare y fut blessé par deux fois et en réchappa. Il vivra jusqu’à l’âge de 90 ans et meurt en 1966. Emile Prosper, le père de Joseph Brun, dernier enfant de la fratrie fut également mobilisé, mais il eut plus de chance que ses frères et ne fut pas envoyé au Front.

Honorine et Marius sont les grands-parents de Joseph Brun, ici présent et que je salue. Edouard et Placide, sont ses oncles.

Dans les deux années qui suivront, Ramatuelle perdra encore trois de ses jeunes garçons sur le champ de bataille et trois succomberont ultérieurement à leurs blessures.

D’autres enfants de Ramatuelle perdront leur vie au cours de la 2ème guerre mondiale et durant la guerre d’Algérie et, à proximité de notre monument aux Morts, le mémorial National des Services Spéciaux de la Défense Nationale nous a rappelés ce matin le sacrifice des soldats de l’ombre.

Je tiens à saluer le président national de l’Association des Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale, le colonel Henri Debrun, citoyen d’honneur de Ramatuelle, qui nous fait l’honneur de sa présence aujourd’hui, aux côtés du colonel Jean Pierre Berthomieu, délégué départemental, de Fernand Vié et du porte-drapeau, Alain Bonnaure.

Je profite de cette occasion, pour souhaiter à Fernand Vié, premier adjoint honoraire, un bon anniversaire et le féliciter, une fois encore, pour son parcours exemplaire au service des Ramatuellois, que ce soit par son engagement dans la résistance et la Brigade des maures ou au sein du Conseil municipal durant 36 ans.

Je tiens à remercier le capitaine de vaisseau, Sébastien Maloingne, commandant de l’Escadrille et les marins qui l’accompagnent aujourd’hui. Je les remercie d’honorer avec autant d’assiduité notre engagement mutuel à travers la promesse solennelle d’amitié qui nous lie.

C’est l’occasion, pour nous, de rendre hommage, à travers eux, à tous ces combattants qui portent très haut, partout et à chaque instant les couleurs et les valeurs de notre pays.

Je remercie l’adjudant Michel Le Coutour, représentant le commandant la brigade de gendarmerie de Saint-Tropez ainsi que le capitaine Roger Vighetto, chef du centre d’incendie et de secours de Saint-Tropez, présent à chacune de nos cérémonies.

Je salue nos anciens combattants, fidèles derrière leur président, Georges Franco, les anciens marins, marins anciens combattants, autour de François Romano, le Souvenir français, avec Odile Truc, ainsi que les portes drapeaux.

Je tiens également à remercier le directeur de l’école Jonathan Lerda très impliqué, les enseignants et les parents concernés qui accompagnent les enfants afin qu’ils participent aux manifestations commémoratives.

Je pense que les enfants de notre village y sont particulièrement sensibles en grandissant car des générations d’élèves ont égrené le nom des « morts pour la France » auxquels nous rendons hommage aujourd’hui.

D’autres combats sont encore à mener sur notre planète, sous d’autres formes, pour que nos valeurs, celles de liberté, d’égalité, de fraternité et de paix, rayonnent dans le monde.

Pour que, surtout, les luttes de nos aînés n’aient pas été vaines et que le souvenir du sacrifice des combattants de la grande guerre renforce notre détermination à œuvrer inlassablement pour la paix.

Vive Ramatuelle, vive la République, vive la France !

 

Message du secrétaire d'État chargé des anciens combattants

Veuillez trouver ici le message de M. Jean-Marc Todeschini, ssecrétaire d’État auprès du ministre de la défense, chargé des anciens combattants et de la mémoire :

 

message du 11-11-2016